EMEDY Henri L'amiral Dumont .d'Urville, Origines ancestrales et familiales. ( Condé s/N. Imprimerie Corlet. 1963.) p 7 I LE FIEF SEIGNEURIAL D'URVILLE ALIAS FIEF CAMPION ET SES SEIGNEURS.

Le fief d'Urville avait son siège principal dans la commune de Saint‑Germain-du Crioult près Condé-sur-Noireau. Il joutait au nord et au midi les paroisses de Moncy et de Vassy ; une petite rivière, le Tortillon, ( NB: le Courguesson ? ) traversait ce fief dans toute son étendue ; cette petite ­rivière était très réputée pour son poisson ; ce pays était aussi très favorable par l'abondance de son gibier. Le manoir féodal était situé au lieu-dit " Le Fouques ", un de ses pignons s'avançait au nord sur une espèce d'escarpement assez élevé dominant la rivière le Tortillon qui de ce côté défendait l'approche. Cette gentilhommière presque abandonnée depuis long­temps par ses maîtres était tombée en ruines n'étant plus habitée ; on en voyait encore de vastes débris dans le XVIIIe siècle. On ignore qui a fait changer de nom à cette pro­priété et prendre tour à tour les noms de Campion, de Fouques, ou Fouque, ou Fouc, et d'Urville, ce qu'il y a de certain c'est que de nos jours la terre s'appelle Le Fouques et que le fief portait le nom d'Urville. Richard Ier de La Rivière, sgr du Mesnil‑Salles et de Romilly, avait épousé en 1285 Philippine, dame de Gouvy (alias Gouvix), son fils Jourdain et son petit­-fils Robert Il possédèrent ce fief. Robert Il était éga­lement seigneur de Mesnil‑Aumont, petit fief assis à Vassy, extension d'un fief du même nom situé à Bar­bery comme le fief Campion était une extension de celui qui était assis dans la paroisse d'Urville. Ce fief appartenait à la famille de La Rivière, à la suite d'une alliance. Michel de La Rivière, fils, pe­tit‑fils et arrière-petit-fils par trois générations d'Enguerrand, et descendant direct de Robert, est l'ancêtre maternel commun de tous les Dumont de La Londe d'Urville ainsi que nous allons l'expliquer : Michel de La Rivière, esc, sgr du Paluel, de Gourguesson, du Quart de Rouvel et du Halley, ne laissa que des filles ‑ deux d'entre elles furent des arrière-grand-mères de l'amiral Dumont d'Urville ; l'une, Catherine, par son mariage avec Jean de Thoury, devint par la suite la belle‑mère de Jean Dumont, ancêtre direct du grand navigateur ; une autre, Barbe, épousa noble homme Gilles Davot, bailli de Condé‑sur‑Noireau ; leur fille, Marguerite Davot, de son mariage avec Jacques de Prépetit, fut la mère de Louis de Prépetit, avocat, seigneur d'Urville. Comment celui‑ci devint‑il seigneur d'Urville : ici est toute la question ? Son père, Jacques de Prépetit (vivant en 1588), capitaine pour le roi du Bourg et château de Condé, était sieur de La Turquaisière, et son grand-père, Guillaume de Prépetit, s'intitulait sieur du Bus. Louis de Prépetit devint donc seigneur d'Urville, non pas par héritage de ses parents pater­nels, mais soit par acquisition du fief, soit par héri­tage du côté de sa mère, c'est‑à‑dire de la famille Davot. Dans ce dernier cas, il pourrait être supposé (cf. supra) que ceux‑ci tenaient ce fief des de La Ri­vière, d'autant plus qu'ils étaient déjà titulaires du fief de Gourguesson‑Paluel situé aux confins des paroisses de Vassy, Moncy et Saint-Germain, près du Fouques. Louis de Prépetit épousa une demoiselle Le Ha­rivel, héritière des sieurs de La Londe et de la terre de ce nom, sise non loin de Gourguesson, mais sur le territoire de Caligny (Orne). Leur fille, Jacqueline de Prépetit, se maria en 1672 à Gilles Dumont, sieur de La Villière, juge des rôles. Le fief de La Villière, situé à Fresnes (Orne), appartenait héréditairement de temps immémorial à famille Dumont. On trouve dans le XVIe siècle un chef de cette maison titulaire de ce fief sous le nom de sieur de La Villière, il est constant qu'il en avait hérité par sa mère, fille et unique héritière d'une ancienne famille de ce nom dont on conserve plu­sieurs titres remontant avant le XVIe siècle. Gilles Dumont et Jacqueline de Prépetit eurent un fils - présumé unique - prénommé également Gilles, né en 1685 et décédé en 1757, conseiller du roy seigneur de La Villière, de La Londe et autres ( Gourguesson, Urville, etc.). Bailli héréditaire à Condé et a Fresnes ( il avait acheté pour dix mille livres, le 10 juin 1709, la charge de Bailli vicomtal héréditaire de Condé-sur-Noireau ) ; ce fut ce fils du sieur de La Villière qui le premier prit le titre de « Dumont d'Urville ( alias du Mont d Urville ) » vers 1700.

Les Dumont trouvent leurs origines dans la commune de Fresnes, au village de Poulhaye qui est considéré comme le berceau de cette famille depuis Jean Dumont ( vivant en 1400 ) et Charles Dumont ,( vivant en 1500 ), la filiation directe prenant départ avec Jean Dumont ( né en 1590 ), gendre de Jean Thoury et Catherine de La Rivière ( cf. supra ), père le David Dumont ( né vers 1628 ), grand-père de Gilles Dumont, sieur de La Villière, et arrière-grand-père de Gilles Dumont d'Urville ( premier du nom ), premier bailly héréditaire de Condé et Fresnes. Ce dernier se maria en 1710 à Elisabeth Blin, fille de Ravan Blin et d'Anne Belle-Argent, de Caen. Quatre fils devaient naître de cette union : deux furent prêtres, Gilles-François fut curé de Saint-Mesmes et François-Louis abbé, chanoine titulaire de Sainte Opportune de Paris ; l'aîné, Louis, né en 1718, sieur le La Londe, marié à Jacqueline Havas du Taillis, fille de Gervais et de Charlotte Onfray ), fut le deuxième grand Bailly de Condé, succédant dans la possession de cette charge à son père avant de la transmettre, peu avant la Révolution de 1789, à son jeune frère Gabriel (Gabriel Charles François) Dumont, sieur d'Urville, qui devint ainsi le troisième et dernier grand Bailly héréditaire à Condé et à Fresne. Celui-ci s'était marié à Jeanne de Croisilles, de la paroisse de Saint-Rémy descendante d'une des plus illustres parmi les familles chevaleresques de Nor­mandie. Il est de tradition dans le pays qu'un des aïeux de cette famille, après son retour de la Terre Sainte, avait fondé dans la terre qu'il habitait une église autour de laquelle s'éleva bientôt un petit ha­meau, origine de la commune actuelle de Croisilles ( Calvados ). De ce mariage sont nés ‑ Jules Sébastien César Dumont d'Urville, l'infortuné navigateur qui périt si malheureusement dans une catastrophe de chemin de fer avec son fils unique, à Versailles, en 1842, après avoir fait le tour du monde dans les conditions que, l'on connaît et avoir permis à la France de devenir propriétaire de cette merveille qu'est la Vénus de Milo , et la soeur de l'amiral, « Adélaïde » Jeanne Victoire Dumont d'Urville, qui avait épousé son cousin germain, Louis François Charles Dumont de La Londe ( fils unique du deuxième grand bailli ).

Quatre fils et une fille sont issus de ce dernier mariage Le fils aîné, Anselme Prosper, avait été médecin militaire jusqu'en 1814 sur la flûte « Le Rhône » et sur « La Ville d'Amiens » ; rentré dans ses foyers, il rendit beaucoup de services comme docteur en médecine et dans diverses fonctions administratives. Né en 1793, il est décédé maire de Vassy en 1867. Le second fils, Stanislas, officier de la Marine, plu connu sous le nom de « Monsieur de La Villière », avait quitté la Marine comme son frère aîné en 1814. Devenu propriétaire des fief et terre de Fouques, il fit reconstruire le manoir et l'a habité jus­qu'à sa mort, en février 1861. Le troisième fils, l'abbé Louis François Paul, était chapelain épiscopal, aumônier des Ecoles Chrétiennes de Caen, où il mourut en 1876. Le quatrième fils, Louis Napoléon, faisait partie de plusieurs sociétés savantes, et il mourut en son manoir de Gourguesson-Paluel en 1872. La fille, Rosalie, mourut également à Gourguesson en 1866.

Anselme Prosper Dumont de La Londe ( le fils aîné, mort maire de Vassy en 1867) laissa un fils et une fille. Le fils Louis Charles Henry d'Urville de La Londe devait habiter le manoir de Fouques, alors que sa soeur Marie Barbe, habitait Vassy. Elle était propriétaire du manoir et de la terre de Gourguesson‑Patuel, ainsi que de la terre de La Londe, sise non loin de Gourguesson ( mais, comme nous l'avons précédem­ment indiqué, sur le territoire de Caligny, dans le département de l'Orne ). Louis Charles Henry d'Urville de La Londe était docteur en droit . Il a été conseiller de Préfecture avant de devenir successivement secrétaire général de Préfecture et sous‑préfet jusqu'en 1870, date à laquelle il fit campagne comme capitaine des mobiles du Calvados.  Avant de terminer cette étude, nous voudrions signaler un simple fait, si banal par lui-même, mais si imposant par son souvenir : au moment de son décès, l'amiral Dumont d'Urville s'apprêtait à partir sur les lieux de son enfance, et il se faisait une grande joie d'y revenir. Cette enfance qui, pour lui, se concrétisait en six noms : Condé‑sur‑Noireau, lieu de sa naissance. Fresne et Saint‑Rémy, l'un lui rappelant sa famille paternelle, l'autre ses parents maternels. Saint-Germain-du-Crioult, qui pour lui représentait l'honneur de son nom et dix siècles d'histoire familiale. Bayeux, où existait encore l'ombre si chère de son oncle de Croisilles, vicaire général du diocèse, et qui lui rappelait le cher collège où il avait fait ses huma­nités. Les Cours d'Orne, où il s'était réfugié au moment de la période révolutionnaire et d'où sa mère était un jour partie pour défendre et sauver la tête de son père devant le Tribunal Révolutionnaire de Caen. Bon sang ne saurait mentir.

p 13 II JEANNE DE CROISILLES Dame DUMONT D'URVILLE ( Mère de l'Amiral )

Jeanne de Croisilles est née à Saint-Rémy, actuelle le commune du canton de Thury-Harcourt dans le département du Calvados. A l'époque de sa naissance, le 25 février 1754, Saint-Rémy était une paroisse de la sergenterie de Thury, élection de Falaise dans la généralité d'Alençon de la province de Normandie. Jeanne Françoise Julie Victoire, était la fille de Jacques François de Croisilles et de Jeanne Jacqueline Fortin. Elle était la soeur de 1° ) Françoise Madeleine Jeanne de Croisilles, reli­gieuse à l'abbaye de Villers-Canivet (née 1745-1773) 2° ) Jean Jacques François de Croisilles, prêtre, futur vicaire général de l'Evêché de Bayeux, né 1745 3° ) Pierre Jacques Antoine de Croisilles, né 1746 4° ) Jacques Henri Siméon de Croisilles, né 1749 5° ) Jacques François de Croisilles ( 1751-1834 ) qui, marié à Mademoiselle Marie Sébastienne de Prépetit, fut l'aïeul de la branche qui se perpétua à Saint-Rémy jusqu'en 1950 ; 6° ) Michelle Françoise de Croisilles, née 1758, tous natifs de Saint-Rémy.

Jacques François de Croisilles était tombé veuf en 1743 d'un premier mariage avec Louise Le Vallois de Raveton (veuve elle-même de Charles de Brossard ) décédée en couches en même temps que son enfant. Sa deuxième épouse lui apporta par succession le fief de Sainte-Marie-du-Vey dont les Fortin étaient pré­cédemment seigneurs. Le nom de Croisilles, leurs armes attestent les services des ancêtres de cette famille dans les Croisades. L'un d'eux, chevalier Banneret suivit en particulier Robert Courte-heuse à Jérusalem en 1096, leurs descendants continuèrent par la suite à jouir de l'estime et de la considération publique - ils ont toujours servi avec dévouement leur patrie dans les armes et la magistrature malgré que dans la vicissitude des siècles la fortune ne leur fut pas toujours favorable. Il était de tradition dans le pays qu'un des aïeux de cette famille après son retour de la Terre Sainte, avait fondé dans la terre qu'il habitait une église à l'entour de laquelle s'éleva bientôt un petit hameau qui porta le nom de Croisilles. De nos jours ce petit village qui a conservé le nom de son fondateur a été érigé en commune relevant du canton de Thury-Harcourt dont elle est limitrophe. Jacques François de Croisilles, écuyer, peu fortune, habitait le village de Saint-Rémy, il exerçait l'état d'avocat près le bailliage d'Harcourt à la résidence de Clécy.

A peine arrivée à l'âge de dix à douze ans Jeanne manifesta une force de caractère peu commune à cet âge. Elle se faisait remarquer par son esprit d'ordre et d'économie et une sorte de jugement droit qui con­trastait souvent avec celui de sa mère. Elle gagna bientôt dans le sein de sa famille une vraie supériorité qu'elle a toujours conservée depuis à un très haut degré malgré que la plupart d'entre eux fussent doués de qualités éminentes qui leur ont fait jouer un rôle important dans l'administration publique. Elle joignait à ces avantages un physique des plus heureux, une taille élevée. une démarche noble et aisée, sa fi était belle et expressive dominée parure des yeux bleus des plus vifs, tout son ensemble constituait une fort jolie femme. Plus Jeanne de Croisilles avançait en âge, son esprit acquérait de force et de vivacité.

On a gardé le souvenir qu'elle suivit une fois assidûment et avec la plus grande piété une mission qui se faisait dans 1 'église d'une petite paroisse à très peu de distance de sa maison paternelle située sur le fief de Beaumont, au village de Saint-Rémy - ( cette maison qui existe toujours à l'actuelle ( 1961 ) au village de la Maroisière est habitée par l'arrière-petit-neveu de Madame d'Urville, Monsieur Henri de Mary de Longueville, petit-fils de Mathilde de Croisilles, et héritier de Pierre Albéric de Croisilles, dernier du nom ) - elle se trouva placée dans le chœur dans quelque place réservée ce qui ne plut pas au prédicateur du jour qui l'ayant aperçue se permit de l'apostropher sous prétexte du scandale qu'une jeune fille puisse se placer ainsi au milieu de jeunes gens. Tout l'auditoire resta étonné et surtout surpris de cette insulte fougueuse adressée à une jeune personne généralement connue par sa moralité et sa piété et appartenant à une des meilleures maisons du pays assistant à un acte religieux entourée de gens qui étaient ou ses voisins ou ses fermiers, aussi la jeune de Croisilles resta-t-elle impassible et résista avec dignité et un calme modeste aux menaces de ce missionnaire étranger qui poussa même l'oubli des convenances et le scandale jusqu'à descendre de sa chaire, en grommelant qu'il ne continuerait pas son sermon ; aussi reçut-il de ses confrères une vive admonestation. On eut voir par cette petite aventure combien déjà Jeanne de Croisilles possédait un caractère ferme, pour avoir osé à son jeune âge et dans une circonstance aussi publique résister à cette injustice.

L'âge du mariage arriva . elle fut bientôt recherchée par les meilleurs partis du pays, toute la noblesse des alentours s'empressa de solliciter sa main, il fallait à son âme fière et élevée un homme qui lui résentât une position sociale, où elle pût se faire briller -, dans ces entrefaites se présenta Monsieur d'Urville, âgé d'environ quarante ans ( elle en avait vingt ), d'une physionomie noble et douce, très bien fait de corps, quoiqu'un peu boiteux d'une jambe qu'il avait eue blessée dans sa jeunesse. Gabriel Charles François Dumont d'Urville exerçait les fonctions de grand Bailly civil et criminel de Condé et de Fresnes dont la charge était héréditaire dans la famille. La jeune de Croisilles fut frappée par le rang et les manières affables de son prétendant (on le citait pour son sa­voir et son intégrité), aussi sa résolution fut-elle bientôt prise et l'époque du mariage fixée. La cérémonie eut lieu paroisse de La Villette, le 23 août 1774, où la famille de Lesdin, apparentée aux de Croisilles y possédait sa propriété d'été - La Chalerie. La jeune mariée ne voulut aucune pompe ni au­cun éclat à cette cérémonie, les jeunes maries se ren­dirent à Condé dans le plus grand incognito. - La jeune dame d'Urville ne fut pas longtemps sans atti­rer l'attention de toute la ville de Condé par sa beauté et son esprit supérieur ; lancée dans une société brillante elle sut s'y faire honorer et respecter de toutes manières.

Les premières années de son mariage se passèrent dans une suite de fêtes et de promenades chez les seigneurs et les abbayes du bailliage : partout Madame d'Urville se fit admirer, chérir et surtout remarquer par sa vertu austère. Vinrent ensuite les enfants : lorsque sa fille aînée ( mariée depuis au sieur de La Londe, son cousin germain, fils du grand bailly de La Londe, son oncle) eut atteint de 7 ans elle soutint devant le curé de Condé que malgré son extrême jeunesse et du fait quelle connaissait parfaitement son catéchisme et tous les principes de sa religion, elle devait faire sa première communion, thèse que le prêtre rejeta absolument. Madame d'Urville partit pour Bayeux avec son enfant s'entretenir avec l'évêque ; un grand vicaire examina l'enfant, et elle eut gain de cause.

L'époque de la Révolution de 1789 arriva . Madame d'Urville, femme d'un esprit élevé et d'un ca­ractère excentrique, manifestait imprudemment son aversion pour le nouvel état de chose - elle était royaliste prononcée, ses opinions comme son rang élevé, son caractère inflexible la mirent bientôt en butte à toute la haine des révolutionnaires du lieu - c'est à cette époque qu'elle donna naissance à Condé-sur-Noireau à son fils Jules Sébastien César, le 23 mai 1790, celui qui devait devenir le grand naviga­teur dont son pays natal est si fier. Après une courte incarcération, elle amena sa famille à Caen, habita pendant deux ans l'ancien col­lège du Bois. Elle vint elle-même se présenter devant le Tribunal Révolutionnaire de Caen et défendre en 1793 son mari infirme, elle parvint à dérober sa tête à l'échafaud. - A cette époque, son fils Jules, alors âgé de 2 ans, avait failli périr par le feu : il tomba dans le foyer et son père seul témoin de l'accident, cloué par la goutte dans son fauteuil, ne pouvait que joindre ses cris à ceux de l'enfant.

En 1795, Monsieur et Madame Dumont d'Urville vinrent comme locataires habiter les Cours d'Orne à Feuguerolles-sur-Orne accompagnés de leur fils Jules. Gabriel y mourut le 12 octobre 1796 ( 21 vendémiaire an V ) - il fut inhumé dans la commune de Fresnes ( Orne ) lieu de sa naissance. -

Vers la fin de l'année 1800 la famille Dumont d'Urville alla habiter sa pro­priété, sise proche de Vassy. En retournant à 12 kilo­mètres de Condé, les Dumont se retrouvèrent en pays de connaissance. L'abbé de Croisilles, devenu vicaire général du diocèse de Bayeux, aurait été nommé évêque de Cambrai sans la Révolution, il vint en 1798 habiter avec sa sœur aux Cours d'Orne et s'occupa exclusivement de l'instruction de son neveu, il mourut à Bayeux en 1819. Jeanne de Croisilles n'a pas vécu pour connaître comme nous la fulgurante carrière de son fils, elle aurait été heureuse de connaître la gloire de celui lue le Calvados comptera toujours parmi ses plus belles illustrations, la France parmi ses plus hardis navi­gateurs, la ville de Condé son plus illustre fils, la science parmi ses interprètes les plus fidèles et les plus courageux. A Saint-Rémy, son pays natal, le souvenir de cette grande darne, doit rester à deux siècles de distance dans toutes nos mémoires aussi vivace que celui du grand navigateur.

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III LA JEUNESSE NORMANDE DE L'AMIRAL DUMONT D'URVILLE Lorsque Jules Sébastien César Dumont vit le jour à Condé-sur‑Noireau le 23 mai 1790, il y avait déjà seize ans que ses parents étaient mariés . Le père approchait de la soixantaine et sa mère avait trente-six ans, Monsieur Dumont d'Urville avait perdu ses charges de grand bailli avec la Révolution ; miné par la maladie, vieilli prématurément par les événements, il devait mourir en 1796 ; son fils n'avait alors que six ans. Restée veuve, Jeanne de Croisilles décida alors de quitter définitivement Condé-sur-Noireau avec ses enfants et de continuer d'habiter, comme nous l'avons précédemment indiqué, la propriété dénommée " Les Cours d'Orne ", située dans un hameau du même nom dans la commune de Feuguerolles-sur-Orne où son mari y était décédé. A l'âge de sept ans, Jules dépourvu de livres relisait l'Histoire du Peuple de Dieu par le Jésuite Berruyer, rapportait ses jeux à l'horticulture et même à l'herborisation, et il ne savait pas encore écrire, C'est à ce moment que vint séjourner aux Cours d'Orne, le propre frère de Madame d'Urville, l'abbé de Croisilles, et plusieurs prêtres insermentés, en particulier l'abbé Delafontaine, à l'époque vicaire de la paroisse d'Allemagne (paroisse devenue au XXe siècle la commune de Fleury-sur-Orne ), qui, originaire de la paroisse de Saint-Michel de Vaucelles, devait mourir à 89 ans à Demouville après avoir desservi les paroisses de Banneville-la-Campagne, puis de Sannerville. Il était de tradition dans la famille de Croisilles, presqu'à chaque génération, d'avoir un de ses membres dans les ordres . Au siècle précédent Jean-Baptiste de Croisilles avait été successivement abbé de la Couture au Mans, abbé commandataire de Saint-Ouen de Rouen, abbé titulaire de Jumiège en 1633. L'oncle de Jules, l'abbé Jean-Jacques de Croisilles, ancien chanoine de l'église collégiale de Saint-Géry, ancien vicaire général de l'archevêque de Cambrai, présenté pour un évêché au moment de la Révolution était revenu par suite des événements d'alors dans son diocèse d'origine ; nommé vicaire général du diocèse de Bayeux, il devait mourir dans cette fonction dans la ville épiscopale. L'abbé de Croisilles eut la charge de cultiver l'intelligence précoce de son neveu, il fit commencer à Jules ses études classiques : nous avons l'impression que l'oncle fut aussi bon professeur que le neveu appliqué. Pendant ce temps, Madame d'Urville s'occupait avec le même soin du développement des forces physiques de son fils, elle l'habitua à la vie champêtre, à courir nu-tête, nu-pieds, à toutes les intempéries des saisons, développant ainsi chez lui une excellente constitution. Madame d'Urville était une femme forte, étrangère à toutes les faiblesses de son sexe, sans attendrissements dans ses tendresses maternelles. Jules qui avait perdu son père très tôt semble avoir pris et conservé l'empreinte de ce tempérament maternel. Dès cette époque devaient commencer pour lui, et se continuer par la suite ces habitudes de froide réserve, de silence, de solitude et de repli sur lui-même qui devaient toute son existence le faire paraître fier et d'humeur peu facile. A l'âge de 12 ans, en 1802, on le fit entrer au collège du chef-lieu du Bessin, son oncle ayant réintégré Bayeux où il habita près de l'évêché, dans la petite rue où est maintenant la chancellerie du diocèse. Son examen d'entrée fut pour lui l'occasion de présenter une véritable thèse philosophique de latin. Très doué pour les langues, il avait une prédilection toute particulière pour le grec ; l'anglais et le russe furent étudiés par lui avec soin ; l'hébreu même le tenta ; ne devait-il pas dans la suite s'initier à la langue chinoise, à celles de l'Asie méridionale et aux différents idiomes de l'Océanie ? Après les langues, ses lectures favorites étaient les récits de voyages ; les grandes découvertes éveillaient son imagination, mais c'était surtout tout ce qui concernait la navigation qui avait pour lui une prédilection toute particulière. Après quatre années d'études, il quitta Bayeux et la rue Saint-Patrice, où le collège a sa résidence, pour venir en 1806 habiter le chef‑lieu du département. Il devait faire au lycée impérial de Caen une année complémentaire d'études où d'abord il se perfectionna dans les mathématiques, où ensuite il prépara ses examens d'entrée à 1'Ecole Polytechnique. Il subit cet examen avec succès en 1807 et fut déclaré admissible ; le défaut de place ( l'histoire est un éternel recommencement ) empêcha seul son entrée dans cette Ecole. Ici se termine à cette époque, la. période de la jeu­nesse normande de Jules Sébastien César Dumont d'Urville. Devenu aspirant de deuxième classe en 1808, il passa successivement à Brest, Le Havre et Toulon. Enseigne de vaisseau en 1814, marié en 1816 à une Provençale, il devait perdre en 1822 sa mère; Jeanne de Croisilles, mère du futur amiral, enfant de la commune de Saint-Rémy où elle vit le jour en 1754 est décédée à Caen le 5 mai 1832, elle avait 78 ans. Des difficultés de famille avaient assombri ses dernières années, dues d'une part à la succession de son frère l'abbé, ensuite à la donation déguisée par sa mère, la veuve de Jacques François de Croisilles à l'une de ses filles, de la terre du Vey, située com­mune du même nom ( canton de Thury-Harcourt ) qui constituait avant l'abolition des droits féodaux le fief de Sainte-Marie-du-Vey, entré dans la famille de Croisilles par héritage de la branche maternelle des Fortin du fait du mariage, en 1743, de Croisilles-Fortin. Il semble bien que c'est à la mort de sa mère que s'est terminée définitivement la vie normande de l'illustre navigateur du XIXe siècle qui fut le précurseur des héros qui firent, moins de cent ans après lui, la conquête du Pôle. Après la carrière que tout le monde connaît, devenu amiral, Dumont d'Urville périt dans la catastrophe du chemin de fer de Paris à Versailles le 8 mai 1842, il était âgé de 52 ans. Enterré avec tous les honneurs de la Nation au cimetière Montparnasse, le grand navigateur n'avait même pas un seul des nombreux membres de sa famille normande pour le conduire à sa dernière demeure.

p 23 IV LA FAMILLE DE CROISILLES

- Monsieur de Croisilles, chevalier banneret, était à la conquête de Jérusalem, avec Robert Courteheuse, en 1096. Robert de Croisilles signa à la charte de Gosselin de la Pommeraye, donnée en 1125 en faveur de l'ab­baye du Val. Raoul de Croisilles, chevalier, fut témoin à. celle de Roland d'Avenelle en faveur de l'abbaye de Troarn. Raoul, Robert, prêtre, son frère, et Roger de Croisilles figurent dans une charte du Val‑Richer de 1211. Milon de Croisilles, écuyer, confirme en 1244 les donations faites à l'Hôpital de Samson‑en‑Auge par Robert fitz Erneiz, donne une rente à l'abbaye de Barbery en 1249, année où on le retrouve chevalier, demeurant à Acreville. Guyot de Croisilles sera maintenu dans la posses­sion de ses biens et héritages en la vicomté de Fa­laise le 5 décembre 1419 par Henri V, roi d'Angleterre.  La généalogie de cette famille peut, en partant du chevalier banneret, s'esquisser ainsi en ce qui concerne les premiers degrés de filiation : Jean de Croisilles, seigneur de Croisilles en 1200, servit sous Philippe-­Auguste et mourut à la guerre. Il épousa Isabelle de Falaise, de Fontaine‑Etoupe-­Four, près Caen. Leur fils Jean était seigneur d'Acqueville en 1277. Guillaume de Croisilles, seigneur de Croisilles, épousa Jeanne de Chateau­briand. Il servit sous Louis VIII et saint Louis, mort lui aussi à la guerre. Roger de Croisilles, seigneur de Croisilles, épousa Thomasse de Caude­coste (de la maison de Clinchamps), servit sous Phi­lippe III et Philippe le Bel. Il vendit la terre de Croisilles à Robert Aupois, sieur d'Espins, le contrat passé le dimanche d'après la Saint‑Mathieu 1350 ( alias 1359 ). Le prix de vente fut de six florins d'or au mouton. Pierre de Croisilles, seigneur des Fosses, épousa Jeanne Halbout, du Bois­Halbout. Il servit sous Louis X le Hutin, Philippe le Long, Charles le Bel et Philippe de Valois.

Pierre de Croisilles, seigneur de Caumont et des Fosses, marié à Mariette d'Aronville du Mesnil‑Raoul, servit sous les rois Jean le Bon, Charles V et Charles VI. Mort à la guerre en 1414.  N o u s donnerons maintenant une généalogie complète de cette famille :

I . Pierre de Croisilles, sieur des Fosses, est l'ancêtre commun de toutes les branches de Croi­silles. A partir de lui, toutes les générations de la fa­mille sont connues d'une façon précise. Il épousa Raouline de Malherbe, de Longvillers. Il servit sous Charles VII en 1450 ; il est considéré à cette époque comme ayant délivré des prisonniers de guerre de la paroisse de Saint‑Rémy des mains d'un chef anglais appelé Milton. Il justifia de sa noblesse en 1463 devant Raoul de Montfaouq, en la paroisse de Caumont, sergenterie de Thury, en l'élection de Falaise. Il eut trois fils : 1° Laurent, qui suit 2° Colin, auteur de la branche de la Mousse, de Bretteville‑sur‑Bordel, de Mutrécy et de Villers 3° Gabriel, prêtre.

II. Laurent de Croisilles, seigneur des Fosses Le fief des Fosses était situé à l'extrémité de la paroisse de Caumont, à la lisière de la paroisse de Combray. marié en 1470 à Perrette Daumesnil, de Cintheaux, dont

III. Nicolas de Croisilles , seigneur des Fosses époux de Philippette du Désert, d'Ouilly‑le‑Basset, en 1488.

IV. François de Croisilles, seigneur des Fosses épousa Catherine de Nocey, de la Suhardière, en 1512. Elle devait être la fille de Richard de Nocey, écuyer, marié avant 1482 à Jeanne de Baulte, dame de la Suhardière, à Bonnemaison, paroisse située près d'Evrecy. - Le père de Richard, connu sous le nom de Jean Il de Nocey, sieur de Boucé, fut un des 119 chevaliers qui s'illustrèrent à la défense du Mont Saint-Michel alors que son grand-père, Raoul de Nocey, fut, lui, tué en 1415 au désastre d'Azincourt. - La mère de Catherine de Nocey se nommait Tassine de Malherbe. Elle était la fille de Pierre de Malherbe, sieur des Landes ( qui fut tué lui aussi à la bataille d'Azincourt ), et de Jeanne, alias Gravette, de Missy, fille puînée de Nicolas, seigneur de Missy. Tassine avait une sœur aînée, Jeanne, mariée à'Enguerrand de la Rivière, écuyer, seigneur du Mesnil-Salles. Il s'ensuivra que par ces deux ascendances l'amiral Dumont d'Urville descendra deux fois de cette illustre famille de Malherbe qui a donné, par ailleurs, à la France un de ses plus grands poètes en la personne de François de Malherbe. Un des tout derniers représentants de cette famille en Normandie, le vicomte Louis-Adrien de Malherbe d'Escures, qui fut maire de Huppain ( Calvados ), avait épousé une demoiselle Henry, de Commes (Calvados). Elle était la tante de Monsieur Jacques Henry, président de la Société Historique de Lisieux, et du signataire de ces lignes. Le père de Pierre et son oncle : Guillaume et Jean de Malherbe, avaient épousé Richette et Guillemette, les deux filles de Guillaume d'Escorchebeuf, écuyer, seigneur dudit fief et lieu d'Escorchebeuf situé dans la paroisse de Lacy (maintenant Lassy, commune du canton de Condé‑sur‑Noireau ), et de Thomasse de Sa­moy, fille de Robert. Les Samoy trouvent leur origine dans le fief de ce nom originairement situé à Saint­Pierre‑du‑Regard, en la banlieue de Condé‑sur‑Noi­reau. Jean et Guillaume de Malherbe, les deux frères qui étaient gendres de Guillaume d'Escorchebeuf, avaient pour mère Jeanne Bacon, fille de Messire Guillaume on, seigneur du Molay‑Bacon. et soeur de Messire Robert Bacon, chevalier, sieur de Planquery, près Balleroy.

V Jean de Croisilles leur fils, seigneur des Fosses mari de Alison de Baussain, de Montigny, en 1535, dont sont issus l° Guillaume, qui suit 2° Pierre, sieur des Caves ( Rameau des sieurs des Caves et de Caumont ).

VI Guillaume de Croisilles sieur des Fosses époux de Louise de Tournebu en 1568, dont

VII Nicolas de Croisilles, seigneur de Saint‑Martin, des Fos­ses, de Moulines, de la Malherbière, conseiller d'état, intendant de la maison du duc d'Angoulême. Il épousa Anne de Tufani avec laquelle il habita Paris, paroisse Saint-Gervais, rue du Parc-Royal. Sa veuve devait plus tard venir habiter Caen. Le 10 février 1628, il acheta à Guillemette de Vassy le fief de Saint-Rémy-sur-Orne. Il devint ainsi seigneur et patron de Saint-Rémy. François ler avait fait don du fief de Saint-Rémy en 1545 à Nicolas de Vassy, ancêtre de Guillemette, après l'avoir saisi sur François de Fontenay, seigneur de Fontaines-les-Rouges. Nicolas possédait près de Blois les seigneuries de Moulines et de Chassonville ; c'est d'ailleurs à Lan­des, aux environs de Blois, qu'il devait, le 17 septembre 1632, acquérir de Pierre de Pellevé, fils et héritier de Henri de Pellevé, baron de Flers, le fief et la terre de La Landelle, situés paroisse de Clécy. Il n'en jouit que très peu de mois, étant décédé avant mai 1633. Du mariage de Nicolas de Croisilles et d'Anne de Tufani sont issus : 1° Simon de Croisilles, qui suit 2° Jean-Baptiste de Croisilles, successivement abbé de la Couture, au Mans, abbé commendataire de Saint-Ouen de Rouen et abbé titulaire de Jumièges de 1633 à 1638; 3° Anne de Croisilles qui, en épousant Monsieur de Chaumejean, lieutenant général des armées du roi, devint marquise de Fourilles.

VIII Simon de Croisilles, sieur de Chassonville, seigneur de Saint‑Rémy ( sur ­Orne ) et de La Landelle ( à Clécy ), chevalier‑gentil­homme de la chambre du roi, s'est marié le 20 jan­vier 1668 à Catherine de Perrochel. Ils avaient une fille, Catherine Thérèse de Croisilles, qui hérita du fief de La Landelle et qui se maria vers 1700 à Pierre de Lesdin, d'une famille de Domfrontais, et dont leur fils Pierre François de Lesdin (1709‑1770) et leur pe­tite‑fille, mariée à Louis‑Marie de Vassy, de la bran­che de Vassy‑Brecey, de la Forêt‑Auvray, jouirent de La Landelle et de la seigneurie de Saint‑Rémy jusqu'à la Révolution (1792). Madame de Chazot, dernière descendante de cette branche, est décédée à 79 ans le 27 janvier 1852.

p 29 V. RAMEAU DES SIEURS DES CAVES ET DE CAUMONT

VI Pierre de Croisiles frère cadet de Guillaume, sieur des Caves, épousa en premières noces Anne de Vassy et en second mariage Jacqueline de Saint‑Gilles, de Mehediot, en 1584. Il fut le père de Philippe, qui suit.

VII. Philippe de Croisilles, sieur de la Coudraye épousa Marie Aupois en 1610. Veuf, il dut se remarier à Madeleine de Sarcilly. Charles de Croisilles, écuyer, sieur de la Coudraye, qui, le 7 février 1682, en l'église de Vieux, épousa Françoise Catherine Graindorge, devait être son proche parent. Il devait naître de ce mariage à Vieux : Jean‑Louis (décembre 1682), Louise Catherine (1685) et Charles de Croisilles (1687).

VIII. Jacques de Croisilles, sieur de Caumont seigneur et patron de cette paroisse, capitaine du Ré­giment d'Harcourt, est né en 1623 de Philippe et de Marie Aupois. Il s'est marié en 1655, à Cauville, à Jacqueline de Sarcilly, fille de Pierre de Sarcilly, écuyer, et de Marie Bonnet ( les Bonnet étaient issus d'une vieille famille originaire d'Airan, ils avaient marié leur fille en 1632). Deux garçons sont issus de ce mariage : ‑ François de Croisilles, Sr de Caumont, l'aîné, né en 1656 ; ‑ Robert de Croisilles, Sr de Beaumont, le puîné, marié en 1686 à Clécy à Louise de Tournebu. Jacques de Croisilles, après quelques années de veuvage, semble s'être remarié en septembre 1667 à Clécy à Anne Le Vallois, fille de Charles Le Vallois, sr de Raffeton. La famille Le Vallois, tombée en que­nouille dans la famille du Mesnil ( dont l'ancêtre com­mun fut le libérateur d'Alencon au temps de la guerre de Cent Ans ), est encore représentée maintenant par le Docteur Robert Dumesnil, de Saint‑Rémy. C'est à cette famille qu'appartenait au siècle dernier Anne du Mesnil d'Argentelles, de Saint‑Germain‑de‑Claire­feuille (Orne), la propre grand‑mère de La Dame aux Camélias. Anne Le Vallois est décédée en 1743 à Clécy, d'après les registres de catholicité de cette paroisse. Elle serait morte à 104 ans. De ce second mariage de François de Croisilles sont nés à Clécy : Jacques, mort au berceau (1668), Jean-Francois (1672), Gabrielle (1676) (elle était en­core vivante en 1770), Charles (1679). Jean-Francois est bien probablement celui qui, sous la dénomination Joannes Franciscus de Croisil­les, Baj., a été inscrit le 22 mars 1698 comme maître de la Nation de Normandie de l'Université de Paris. Jacques de Croisilles est décédé à Clécy en 1685.

lX. François de Croisilles, sr de Caumont né, comme nous venons de le préciser, en 1656, est décédé à Saint-Rémy en 1721. C'est lui qui le premier vint habiter définitivement cette paroisse de Saint-Rémy-sur-Orne, devenue par la suite la commune de Saint-Rémy (Calvados), dans le canton de, Thury-Harcourt, sur la butte de Beaumont, au village de La Maroisière. Marié en 1694 à demoiselle Anne Charlotte Michel de Bonneval, originaire, semble‑t‑il, de la paroisse de Guibray, à Falaise, fille de Noël Michel de Bonne­val, sieur de Glatigny, et de Marie Anne Jeanne Du­clos. De ce mariage sont issus, comme étant nés à Saint‑Rémv, les dix enfants suivants : Amie Marie Françoise de Croisilles, née en 1695, décédée en 1696 ; Marie Magdelaine Françoise de Croisilles, née en 1696, décédée en 1697 ; Noël François de Croisilles, né en 1697, décédé en 1698 ; Jacques François de Croisilles, né en 1699, qui suit ; Pierre de Croisilles, écuyer, sr de Bonneval, né en 1700, décédé en 1768 ; Louis Gérard de Croisilles, sr de Glatigny, né en 1701, décédé en 1727 ; Anne Jeanne de Croisilles, née en 1702 Pierre François de Croisilles, né en 1704 Jacques Joseph de Croisilles, iié en 1706, dé­cédé en 1707 ; Marie Françoise Charlotte de Croisilles, née en 1712, décédée en 1713. X. Jacques François de Croisilles se maria en premières noces à une de ses cousines, Louise Le Vallois, laquelle était veuve de Charles de Brossard. Elle devait décéder en couches en 1743 en même temps que son enfant. Remarié quelque temps plus tard a Jeanne Jacqueline Fortin, descendante d'une famille à qui appartenait le fief de Sainte-Marie-du-Vey, qu'elle devait, par suite de succession, amener dans le patrimoine de la famille de Croisilles. De cette union devaient naître dans la paroisse de Saint-Rémy : Françoise Madeleine Jeanne de Croisilles, religieuse à l'abbaye de Villers-Canivet (1745-1773) ; Jean Jacques François de Croisîlles, prêtre, fu­tur vicaire général de l'évêché de Bayeux (1745‑1819) Pierre Jacques Antoine de Croisilles (1746) Jacques Henri Siméon de Croisilles (1749‑1828) ; Jacques François de Croisilles (1751‑1834), qui suit Jeanne Francoise Julie Victoire de Croisilles (1754‑1822) ; Michelle Françoise de Croisilles (1758).

L'abbé Jean‑Jacques de Croisilles, baptisé le 12 août 1745 à Saint‑Rémy, reçut la tonsure et les or­dres mineurs à l'évêché de Bayeux le 20 septembre 1767, le sous‑diaconat au même lieu le 11 mars 1769, le diaconat à la cathédrale le 23 septembre 1769 et le sacerdoce le 22 septembre 1770. Il était chanoine à Cambrai au moment de la Révolution et fut partisan des nouveautés d'alors. Fauchet, l'évêque intrus du Calvados, le choisit pour l'un de ses vicaires épisco­paux. En 1795, il se rétracta. Monseigneur Brault le choisit également comme vicaire général et il mou­rut saintement le 21 juin 1819. Il avait fait don au vénérable chapitre de l'insigne église cathédrale d'un immeuble situé impasse Glatigny, à Bayeux. ' Jacques « Henri » Siméon de Croisilles s'est marié à Appoline Piquot, de Magny. De cette union sont issus César‑Auguste de Croisilles, né à Maltot (1806-1877), marié à Amigny (Manche) à Esther de Gau­tier de Garnetot. Musicien de valeur, nous lui devons des mélodies et des chants d'église. Son oeuvre principale, un oratorio, Les chrétiens au martyre » (1847), est décédé à Caen le 12 octobre 1877 ( très probable­ment dans son hôtel du 24, rue Guilbert ). Sans postérité Appoline de Croisilles, mariée à Monsieur de Feugray, qui fut Préfet des Landes. Née le 3 vendé­miaire an VII à Maltot, elle est décédée en 1866 Louise Marie de Croisilles, née à Maltot le 8 germinal an XI Jeanne Françoise Victoire Julie de Croisilles, fut, comme on le sait, par son mariage avec Gabriel Charles François Dumont d'Urville, bailli de la Haute Justice de Condé, la mère de l'amiral Dumont d'Ur­ville ; Michelle de Croisilles, connue sous le nom de Mademoiselle de Croisilles de Verneuil, avant épousé le sieur Manoury ‑la Croix, en eut un fils infirme. Lé­gataine de tous les biens de son frère l'abbé, elle devait amener, conseillée par son beau‑frère Pehan et sa mère, à vendre sa terre de Sainte‑Marie‑du‑Vey dans des conditions assez obscures.

XI. Jacques‑François de Croisilles (1751‑1834) qui fut maire de Saint‑Rémy, s'unit à Marie Sébastienne de Prépetit. Les de Prépetit, vieille famille d'origine condéenne, semblent présenter pour cette branche la filiation sui­vante : Gervais de Prépetit, écuyer, sieur de la Bataille, lieutenant général à Condé‑sur‑Noireau, époux de Avoyes Thourv (1586‑1660), est décédé à Condé le 24 août 1641. Son fils, Claude de Prépetit (1620‑1662), procureur fiscal en 1661, sgr de Bellefontaine, eut, de son mariage avec Madeleine Signard, un fils, Charles de Prépetit. Madeleine Signard, d'une famille origi­naire de Saint‑Germain‑du‑Crioult, au village de la Signardière, proche Condé‑sur‑Noireau, et décédée en 1692, est supposée fille de David Signard, bailli vicom­tal du marquisat de Thury, et soeur de Guillaume, seigneur du Désert, à Clécy, qui fut vicomte de Vassy, et de Guillaume, curé de Clécy vers 1675, et la parente d'Enguerrand Signard, qui fut évêque d'Auxerre.

Charles de Prépetit s'est marié : 1° à Anne Bourse (décédée en 1671) ; 2' à Anne Roger, de Clécy ( veuve de Jacques de Baudre, sieur de La Poterie ). Celle‑ci était la fille de Nicolas

Roger, sieur de La Rue, qui, outre Anne, eut trois autres filles : a)Marie Roger, mariée à Claude Graindorge, sieur des Domaines ; b)Marguerite Roger, mariée à Charles de Malfilastre, sieur de la Brizolière ( L'illustre famille de Malfilattre qui donne son nom à l'Honneur de Curcy compte parmi ses plus illustres représentants le poète caen­nais Charles de Malfilattre et la comtesse de Martel, née Sybille de Riquette de Mirabeau ( petite nièce du grand tribun, et l'illustre écrivain « Gyp » ; c)Françoise Roger qui, veuve d'Abraham de Prépetit, sr de Morieux, se remaria à Jean Le Magnen, sr du Ron­ceray. Abraham de Prépetit, de son mariage avec Françoise Roger, fut le père d'autre Charles de Prépetit, bourgeois de Caen, époux de Marie Louise Auvray de la Chaize (1689-1754), lequel était lui‑même le père de Claude (Claude François Charles Louis) de Prépetit, écuyer, sieur de La Rue, lui aussi bourgeois de Caen, qui de son union avec Marie Catherine Jeanne Lechevallier, de cette paroisse de Clécy, engendra Ma­rie Sêbastienne de Prépetit.

Du mariage, en 1773, de Jacques François de Croi­silles et de Marie Sébastienne de Prépetit sont nés a)Francis Jean Baptiste de Croisilles, né à Clécy le 28 février 1775 b)Amélie Augustine de Croisilles, née à Clécy le 16 juillet 1776 c)Victor Henry de Croisilles, né à Saint‑Rémy le 19 juin 1783, qui suit d)Louise Julie de Croisilles, née à Saint‑Rémy le 17 novembre 1785, mariée en 1820 à Pierre François Bourey, médecin à Thury‑Harcourt, décédée le 14 juil­let 18.51 à Harcourt et inhumée dans le cimetière de Saint-Rémy. Son fils, Louis Beaumard Bourey, était employé en 1851 à la Recette particulière de Vire.

XII. Victor Henry de Croisilles né à Saint‑Bémy le 19 1783 et décédé aussi à Saint‑Rémy le 19 décembre 1864. Il fut maire de la commune de Saint-Rémy. Il s'était marié avec Anne Ida Delaveine, alias de La Veyne,. fille de Jacques Frédéric Delaveine, chef de bataillon, et de Emilie Balzanie Dauchin, née à Caen en 1804 et décédée aussi à Caen, le 10 août 1865. Le commandant Navel, dans son excellent ouvrage concernant la monographie de la commune de Feuguerolles-sur-Orne, nous présente les Delaveyne comme descendants d'une famille Gosselin. Le dénombrement des bourgeois de Caen en 1666 signale sur la paroisse Saint-Jean un Robert Le Bour­geois, peigneur, originaire de Saint-Germain-le-Vas­son. Son arrière-petite-fille, Marie Anne Le Bourgeois, de son mariage avec Jacques Denis Delaveyne, eut quatre fils : Léonard Pierre, Jean-Baptiste, Jacques Denis et André Jacques Delaveyne, qui héritèrent en partie des cours d'Orne où, vingt ans plus tard, de­vait venir habiter l'amiral Dumont d'Urville. L'un des quatre frères fut le grand‑père de Madame de Croisilles. L'aîné, Léonard Pierre Delaveyne, ingénieur des Ponts et Chaussées,. devint ingénieur en chef au canal de Bourgogne. Il fut membre de l'Académie Nationale des Sciences, à Paris, et de l'Académie des Sciences, Arts et Belles Lettres de Caen ( décédé en 179l).

XIII. Henri Albert Pierre de Croisilles (1837‑1902) issu du mariage de Victor de Croisilles et Anne Dela­veyne, s'est marié avec Elisabeth Louise de Prépetit, née à Caen le 6 janvier 1845, décédée à Saint‑Rémy le 13 décembre, 1918, fille de Henri Auguste de Prépetit et de Céline Elisabeth Beschet ( alias Bechet ) de la Peschardière. Cette branche des Prépetit semble trouver son origine à La Sauvagère ( Orne ). La famille Bechet de la Peschardière est une an­cienne famille issue de la paroisse de Husson, dans le Mortainais, où se trouvent les lieux et le vieux lo­gis de la Peschardiêre, que nous devons à François Bechet qui vivait en 1600 . C'était essentiellement une famille de magistrats où les aînés étaient de père en fils conseillers du roi à Mortain. C'est par le mariage de N... Bechet de la Peschardière avec une demoiselle Gervais de La Price que cette fa­mille vint se fixer à Caen. De cette union devaient naître sept enfants, dont, outre Céline ( Mme de Prépetit ), Charles, né en 1812, propriétaire à Caen ; Ferdinand, percepteur de Troarn, demeurant à Garcelles‑Secque­ville ; un autre fils qui fut le père de Georges de la Peschardière ( 1860-1948 ) ( dont le fils, Monsieur Jean de la Peschardière, agent d'assurances à Caen, est l'actuel représentant) et de Monsieur André de la Pes­chardière ( 1868‑1959 ), décédé comme doyen des maires du Calvados à Colombiers-sur-Seulles. Mathilde de Croisilles, soeur d'Henri, devait épou­ser un gentilhomme de pure race normande, Monsieur de Mary de Longueville. Leur fils Pierre habite actuellement (1961) le château de Saint-Rémy (Calvados), propriété de Monsieur Henry de Longueville, petit-fils de Mathilde. Une autre soeur d'Henri, Maria Emé­lie de Croisilles, est décédée, âgée de huit ans, le 21 décembre 1844, à Saint-Rémy. La succession de Victor Henry de Croisilles et de son épouse a été partagée entre Henri et Mathilde de Croisilles par acte de Me Lavarde, notaire à Caen, en date du 2 juin 1867.

XIV Du mariage de Henri de Croisilles et de Elisabeth de Prépetit sont issus : Mathilde de Croisilles, née à Saint-Rémy le 20 septembre 1869, mariée à Monsieur Dujourdain, mère de Mme Vauguet, épouse de l'ancien Percepteur de La Ferté-Macé ; Pierre Albérie de Croisilles, né à Saint-Rémy le 6 janvier 1871, marié à demoiselle Lemaignan de l'Ecorce, décédé à Saint‑Rémy en 1950. Il n'eut qu'un fils, Gé­rard, décédé en bas âge. Ce fut le dernier des de Croi­silles ; Yvan de Croisilles, né à Saint‑Rémy le 23 juil­let 1873, décédé célibataire ; Jeanne de Croisilles, née à Saint‑Rémy le 30 mai 1875, mariée et veuve de Monsieur Quenardel, sans postérité ; Xavier de Croisilles, né à Saint-Rémy le 29 sep­tembre 1878, décédé célibataire ; Marie de Croisilles, mariée à Monsieur Bellanger, dont postérité, puis à Monsieur Simonovitch, sans laisser de descendance. Nous allons étudier maintenant les autres bran­ches de cette famille, elles éteintes aussi, mais si inté­ressantes à en retracer l'histoire tellement elles sont liées à l'Armorial du Bocage Normand.

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BRANCHES DE LA MOUSSE, DE BRETTEVILLE‑SUR‑BORDEL, DE MUTRÉCY

III. Jean de Croisilles, le fils de Colin (et par consé­quent petit‑fils de Pierre, sieur des Fosses, et de Raouline de Malherbe), se maria à Jeanne du Breuil. Sa succession fut partagée le 31 août 1555 entre ses en­fants : Guillaume (qui suit), Jean‑Martin, Denis et Philippe, sieur de la Mousse.

IV. Guillaume de Croisilles, écuyer, sieur des Fosses, s'est marié à Marie de Bretteville, fille de Jacques et petite‑fille de Giot, alias Guyot de Bretteville, La Re­cherche des élus de Bayeux de 1523 mentionne que la famille de Bretteville était propriétaire du fief de Bretteville, situé paroisse de Bretteville‑sur‑Bordel (actuelle commune de Tessel‑Bretteville, Calvados) dès avant l'an 1205. De ce mariage sont issus Henry (qui suit), Gilles, Guillaume et Pierre. Gilles de Croisilles s'unit à Marguerite du Barquet , ils eurent une fille, Isabeau, et trois fils, Denis, Pierre et Marin, celui-ci marié en 1612 à Marie Beaulard, en eut un fils, Pierre, né en 1619, qui devint l'époux de Marguerite de Rocquencourt, avec laquelle il devait venir habiter Mutrécy.

V. Henri de Croisilles, sieur de Cour-Perron, de son mariage avec Catherine Royer, eut un fils, Jean, qui suit.

VI. Jean de Croisilles épousa Claude de Bonnefonds qui lui donna deux fils, Henri et Robert, sieur et patron de Bretteville, qui suivra. Henry, écuyer, sieur de Préville, né en 1621, demeurant a Bretteville-le-Bordel, en second mariage fut le père de Bernardin (1674), marié à Anne Cauvin, le grand‑père de Francois-Bernardin (1717), né à Villers-Bocage, marié à Marie-Madeleine de Méhérenc, et l'arrière-grand-père de François Jean Charles de Croisilles, né a Saint-Georges-d'Aunay (1742), reçu page de la Grande Ecurie en 1758 et marié à Catherine Héry, dont deux filles : a)Victoire de Croisilles, née à Villers-Bocage (1778-1820), mariée à Pierre Lemarinier, imprimeur, dont un fils, Pierre François Le Marinier ; b)Marie, Charlotte Henriette de Croisilles, née à Villers‑Bocage en 1775, décédée en 1854 à Balleroy, veuve Le Marié d'Archemont (Michel François). Henry avait donc marié deux fois : l° à Anne de La Fosse qui lui donna : Anne (1661), Marie Anne (1662), Renée (1663) et Marie‑Anne de Croisilles ( 1664 ) ; 2° à Marie de Gadebled (1668) qui lui donna : Marguerite-Françoise (1669) et Bernardin, susnommé (en 1674).

VII. Robert de Croisilles, né en juillet 1625, seigneur et patron de Bretteville, conseiller au bailliage et présidial de Caen, demeurait à Caen, paroisse Saint-Etienne. De son mariage avec Anne de Cairon sont issus : deux garçons, Jean-Claude et Dominique, et quatre filles Calherine, Françoise, Magdeleine et Marguerite. A.Jean-Claude de Croisilles, seigneur et patron de Bretteville, fut président an bailliage et présidial de Caen. Né à Caen le 12 janvier 1654, il était remarquable par son éloquence vive et naturelle, son geste simple et aisé, son port majestueux et la grande rec­titude de son jugement. Il servit le roi comme volon­taire dans l'arrière‑ban, puis voyagea pour son agré­ment ; de retour à Caen, il fut nommé en 1686 éche­vin de la noblesse ; en 1690, il devint avocat du roi au présidial, et en 1704 président dudit présidial. Le présidial de Caen, érigé seulement au mois de sep­tembre 1552, ne formait qu'un seul siège avec le bail­liage, juridiction royale de première instance pour les terres sises dans la mouvance directe du roi, et d'ap­pel à l'égard des sentences des justices seigneuriales. Le présidial comprenait dans sa composition deux avocats du Roy (l un d'eux, à l'origine en 1552, était Pierre du Hamel ( le Verrières, ancêtre direct de ma fille, Annick Emedy ). Jean‑Claude de Groisîlles devait se marier deux fois : l'une avec Lucrèce Ache, de la paroisse de Giberville ; l'autre avec Jeanne Thérèse Gillain. Philologue, il était membre de la Société Académi­que qui se réunissait chez Segrais ( époux de Mlle Aché ), son beau‑frère ‑ Jean Regnault de Segrais, né à Caen en 1624, fut secrétaire de la Duchesse de Montpensier et de Madame de La Fayette. Il remplaça Bois Robert à l'Académie Française en 1662, se retira à Caen en 1676 et y mourut en 1700. Après la mort de Segrais, il recueillit les mem­bres de l'Académie naissante de Caen et concourut à lui donner des règlements qui eurent la sanction royale. Il mourut le 21 janvier 1735 et fut inhumé dans l'église Saint‑Jean de Caen, sa paroisse, le len­demain. Il était âgé alors de 82 ans. B. ‑ Dominique de Croisille, écuyer, sieur de Putot, nommé comme conseiller au présidial, y fut installé le 30 janvier 1691 et mourut en 1698. Les deux frères moururent sans descendance. C. Catherine, l'aînée des filles, fut dame d'Orval Le Bedé, elle avait épousé Olivier Le Bedey, veuf précédemment de Françoise Madeleine d'Escrametot, sr de Vaux-sur-Seulles et d'Asnelles ( les Le Bedey étaient héréditairement, à l'époque, vicomtes de Bayeux ). Elle lui donna trois filles qui épousèrent MM. Hébert des Vauxdorés, Conseil, sr du Mesnil, et Lemaigre, écuyer, sr de Lan. D. ‑ Françoise, la cadette. épousa Gaspard de Panthou, sr du Vaugroult, demeurant à Hamars ( présentement commune du canton d'Evrecy, Calvados ), le 2 octobre 1683, à Bretteville-sur-Bordel. Leur fille, Marguerite de Panthou, s'est mariée à Hamars par contrat passé le 21 décembre 1732 à Guillaume de Moges, écuyer, sieur de Garencières originaire de la paroisse de Courvaudon. Jean Joseph Claude de Moges, né de ce mariage le 2 mars 1731, baptisé à Courvaudon, épousa le 3 mai 1763, à Pierrepont ( actuellement commune de Lantheuil, Calvados ), Marie Adélaïde Jean de Crèvecoeur. Il mourut à 32 ans et fut inhumé à Saint-Gilles de Caen, le 9 février 1765 ; un fils unique, né de ce mariage, le chevalier Jean-Baptiste Joseph Léonor de Moges, sgr de Montviette, haut justicier d'Ecos, Saint-Martin-de-Fresnay, Saint-Georges-en-Auge) et Putot-en-Bessin), né à Caen le 5 mai 1764, officier d'infanterie, émigra en 1792 après s'être marié en 1787 à l'église de la Madeleine. à Paris, à Françoise de Moges, de Buron. Alphonse Louis Théodore, dit le comte de Moges, issu de cette dernière union, baptisé à Saint-Georges-d'Aunav en 1789 capitaine de frégate et chevalier de Saint-Louis en 1823, vice-amiral et grand officier de la Légion d'honneur en 1844, mort le 5 juin 1850, avait épousé, le 15 juillet 1829, Blanche Amélie des Acres, fille du comte de Laigle et de la princesse Louise Sophie de Broglie, qui lui donna Paul Charles Victor de Moges, dernier du nom ( de cette branche ), sans postérité d'Alix de Menou, officier aux lanciers de la Garde Impériale. Il est mort à Brou (Indre-et-Loire) le 11 février 1903. E. Magdeleine se maria à Clécy le 20 novembre 1678 à Jean-Baptiste de Tournebu ( veuve, elle se remaria à Jacques Joseph de La Bigne ). Elle vint donc habiter Clécy. Son fils Jean-Jacques de Tournebu épousa sa cousine germaine Magdeleine de Beaussain et en eut un fils, Francois Jean de Tournebu, mari de Charlotte de Bernîères-FaIlet et père de François Victor de Tournebu, marié à Hortense de Cairon qui lui donna Ludovic de Tournebu, époux de Blanche de Saint-Pol. Les Tournebu quittèrent Clécy, nous les retrouvons à Bény-sur-Mer, puis à Langrune où Jules de Tournebu, bienfaiteur de cette commune, semble l'un des derniers rejetons. Du second mariage de Magdeleine de Croisilles avec Jacques Joseph de la Bigne, sgr du Viner, officier au Bailliage de Caen, décédé en 1706, sont nés huit enfants : le jeune fils Guillaume Jacques de la Bigne, né à Clécy en 1695 et y décédé en 1749, épousa en secondes noces Marie Anne Elisabeth de Bilsle qui lui donna : Pierre Guillaume de la Bigne, né à Clécy en 1731, sgr de La Lande, mort en mer en 1755 sans postérité, et Françoise Claire (de la Bigne, née à Clécy en 1725 et mariée en 1749 à son parent François Jean (le Tournebu, sgr de Bretteville-sur-Bordel (décédé en 1771). F. Marguerite de Croisilles, la jeune, épousa Guillaume de Beaussain. C'est leur fille qui épousa en secondes noces son cousin germain Jean-Jacques de Tournebu. Guillaume de Beaussain, sieur de Marne, est mort en 1706 sans paraître laisser de postérité mâle. Il était originaire de Curcy où les Beaussain possédaient la Baronnie au XVIe siècle. L'origine de cette famille était la paroisse de Bully où nous la trouvons installée en 1240. Ses alliances avec la famille de Croisîlles furent nombreuses.

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LES DE CROISILLES DE LA MOUSSE

IV. Philippe de Croisilles, sieur de la Mousse, vînt s'établir alors sur la petite paroisse de ce nom. qui, devenue par la suite commune, devait en 1827 être rattachée à la commune limitrophe de Saint-Rémy. Philippe de Croisilles se maria à Jeanne de Bordeaux qui lui donna quatre fils : Rolland, Roger, Olivier et Jean de Croisilles.

V. Olivier de Croisilles, fils de Philippe, eut de son mariage avec Jeanne Hébert deux fils : 1.Jacques, l'aîné, sieur du Saussay 2.Pierre, le cadet, sieur de la Noë, époux de Ma­deleine de Beaussain, dont Nicolas, sieur de La Mousse (décédé en 1661), marié à Marguerite Bellan­ger (décédée en 1680), fille de Charles Bellanger et de son épouse, Anne de Croisilles, de la paroisse d'Es­son, dont Anne Catherine (1640), Charles (1641), Jac­ques (1644), Guillaume (1645) et Louis (1646).

Charles, sieur de Longchamps, est décédé à La Mousse en 1663, à l'âge de 22 ans. Jacques de Croisilles, son frère, veuf de Geneviève Milcent en 1687, se remaria à Isabeau Guérin. De cette union est née, le 28/4/1695, Isabelle, qui fut élève de Saint-Cyr, Jean-Jacques, frère aîné, en 1689 et Gérard, frère cadet, en 1695, alors que du premier mariage était née Jacqueline (1675-1756) qui devait épouser Jacques Surosne et habiter la paroisse du Vey. Elle fut inhumée le 19 novembre dans l'église de Saint-Martin-de-Sallen où son fils, Edmond Robert Jacques de Surosne, fut curé de la première portion de la cure, Il était encore prêtre de cette paroisse en 1793,

VI. Jacques de Croisilles, sieur du Saussay (alias Saulcé), du nom d'un fief assis à La Mousse, eut de son union avec Marie de Moncoq un fils, Baptiste de Croisilles (1622-1669), marié à La Mousse en 1643 à Elisabeth Gosselin (1626‑1686), fille de Jean Gosselin, sieur de La Planche, et de Jeanne Morel, de la paroisse de Combray. De cette union sont issus : Marguerite et Jacques (morts en bas âge), Louise (1658), épouse d'Etienne Coudray ; Elisabeth, mariée à Daniel Bourrienne de Saint-Rémy, veuve elle se remaria en 1687 à Jean Mallet (qui devait mourir quelques mois après en 1688), et un fils François (1662), sr de La Fontaine, puis du Saulcé. François, marié à Madeleine de Tournebu (1651­1711), devait décéder à 64 ans en 1727. Père de Ma­deleine, François-Simon et Charlotte de Croisilles, il eut en outre un fils, Jacques-Francois de Croisilles, marié à Noble dame Renée Le Chastelain qui lui donna en 1729 un fils, Jacques Philippe de Croîsilles. Celui-ci (qui devait mourir à 40 ans en 1769) se maria deux fois et eut au moins quatorze enfants, presque tous morts en bas-âge, à l'exception de. Jacques Françoiis de Croisilles que nous trouvons officier au régiment de la couronne en 1780. Il semble être le dernier des de Croisilles de cette paroisse de La Mousse qui, elle aussi, devait disparaître quelques années plus tard, la commune de La Mousse étant incorporée à celle de Saint-Rémy le 28 octobre 1827. Jacques Philippe avait épousé en 1741 Marie Anne Suzanne Le Chastelain (1716‑1751), bien probablement sa cousine, fille de Louis Lechastelain, sieur de Crécy, et de Marie Anne Gigon, et en secondes noces Marie Louise d'Arclais (1725‑1765), fille de Henry d'Arclais, seigneur de Monbose et des Besaces, Les Lechastelain étaient originaires de la région falaisienne et semblent sortir de la bourgeoisie. Jacques-Philippe Le Chastelain de Crécy (né en 1766) demeurait à La Hoguette, tandis que Jean-Louis Le Chastelain de Crécy (né en. 1760) habitait la ville de Falaise. Adolphe Le Chastelain, notaire à Falaise, et ses frères, François et Philippe, qui habitaient Falaise en 1842, semblent être de cette famille.